Face aux crises multiformes qui secouent l’Afrique de l’Ouest, Alassane Latifou propose une solution ambitieuse : la création d’une fédération regroupant le Bénin, le Togo, le Niger, le Burkina Faso et le Mali. Ce projet, ancré dans les valeurs panafricaines, vise à abolir les frontières héritées de la colonisation afin de bâtir une région unie et souveraine, capable de relever les défis du 21ᵉ siècle.
Une réponse panafricaine aux crises de l’Afrique de l’Ouest
L’insécurité croissante, l’instabilité politique et le sous-développement économique fragilisent l’Afrique de l’Ouest. Pour y faire face, Alassane Latifou, panafricaniste et acteur politique engagé, et Président de l’Association pour la Sauvegarde de l’Unite en Afrique (ASPUA) défend une vision audacieuse : la création d’une fédération ouest-africaine. Selon lui, seule une unité transnationale permettra de surmonter ces obstacles et de garantir un avenir prospère aux populations.
Pour Alassane Latifou, l’unité africaine passe par l’abolition des frontières héritées de la colonisation, considérées comme un frein au développement. Cette fédération dépasserait le cadre économique pour intégrer des dimensions sociales et politiques. Elle reposerait sur la mutualisation des ressources, la libre circulation des populations et l’instauration d’une gouvernance commune, fondée sur les valeurs africaines de solidarité et de justice.
Abolir les frontières coloniales pour une souveraineté retrouvée
Les frontières tracées par la colonisation ont artificiellement divisé des peuples partageant des cultures, des langues et des modes de vie communs. Leur suppression permettrait aux États concernés de conjuguer leurs efforts pour bâtir un espace économique et politique unifié, libéré des influences extérieures et tourné vers le progrès.
Défis et résistances
Ce projet soulève plusieurs défis : divergences politiques entre les États, résistances à la perte de souveraineté nationale et nécessité d’harmoniser les infrastructures (transports, énergie, éducation). Toutefois, selon Latifou, ces obstacles peuvent être surmontés si les dirigeants africains font preuve de volonté politique et si les populations s’approprient cette ambition.
Une opportunité pour la sécurité et la prospérité régionales
Les avantages d’une telle fédération sont immenses. Une armée commune renforcerait la sécurité face à la menace terroriste, tandis qu’un marché unique stimulerait les échanges et la croissance économique. De plus, la mise en place de politiques communes en matière d’éducation, de santé et d’infrastructures favoriserait une meilleure répartition des ressources et une amélioration des conditions de vie.
S’inspirer des modèles réussis tout en valorisant les spécificités africaines
Latifou s’inspire des réussites d’autres régions, notamment l’Union Européenne, tout en insistant sur l’importance d’adapter le modèle aux réalités africaines. Cette fédération ne doit pas être une simple copie des modèles occidentaux, mais une construction ancrée dans l’histoire et les traditions du continent.
Sensibiliser et mobiliser : le rôle clé des populations et des leaders politiques
Pour concrétiser cette vision, l’éducation et la sensibilisation sont essentielles. Latifou appelle les leaders politiques, les intellectuels et la société civile à œuvrer ensemble pour déconstruire les mentalités héritées de la colonisation et mobiliser la jeunesse autour de cette ambition panafricaine.
Une souveraineté héritée à déconstruire
Bien que reconnue sur le plan international, la souveraineté des États africains reste marquée par l’héritage colonial. Les frontières actuelles, tracées sans tenir compte des réalités culturelles et économiques des peuples, freinent l’intégration régionale et la mutualisation des efforts pour une prospérité collective.
Des ressources naturelles pillées et sous-exploitées
L’une des forces économiques de ce projet réside dans l’exploitation des ressources naturelles abondantes de la région. Actuellement, celles-ci profitent davantage aux multinationales étrangères qu’aux économies locales. Prenons l’exemple de l’or : la France détient d’importantes réserves, issues en grande partie de ses anciennes colonies. Aujourd’hui, grâce aux avancées technologiques et aux compétences locales, l’Afrique peut transformer ses matières premières et en faire un levier de développement.
La nécessité d’une monnaie commune
L’un des piliers de cette fédération serait l’adoption d’une monnaie commune. Cela permettrait de libérer l’Afrique de l’Ouest du carcan monétaire imposé par des devises contrôlées par des puissances étrangères. Une monnaie propre renforcerait la souveraineté économique, stimulerait les échanges intra-africains et garantirait une meilleure maîtrise des politiques monétaires, tout en réduisant la dépendance aux fluctuations des monnaies occidentales.
Des compétences humaines prêtes à relever le défi
L’Afrique de l’Ouest dispose d’une jeunesse dynamique, de chercheurs, d’économistes et de techniciens capables de bâtir une nouvelle architecture économique régionale. Ce potentiel, aujourd’hui sous-exploité ou utilisé dans des structures dominées par des intérêts étrangers, pourrait être mobilisé pour créer des institutions solides et efficaces.
Un bouleversement des repères des anciennes puissances coloniales
La concrétisation d’un tel projet marquerait un tournant décisif dans l’histoire des relations entre l’Afrique et ses anciens colonisateurs. Une redéfinition des frontières économiques et monétaires placerait les nations africaines en position de force dans les négociations internationales et ouvrirait la voie à un développement endogène, basé sur une vision partagée et une gestion concertée des ressources.
Saturnin Comlan HOUNKPE
