PPAC/Assainissement et pavage urbain dans le 10e arrondissement de Cotonou:Les populations Gbénonkpo vèdoko grondent et dénoncent la lenteur des travaux exécutés par l’entreprise CGGC
(Les habitants interpellent l’entreprise CGGC et appellent le gouvernement à enclencher urgemment la 2ᵉ phase)

_Le climat se crispe à Gbénonkpo vèdoko, quartier emblématique du 10ᵉ arrondissement de Cotonou, autour des travaux d’assainissement et de pavage des rues lancés dans le cadre du Programme de Prévention et d’Amélioration du Cadre de vie (PPAC). Alors que les attentes des populations sont grandes, ces dernières jours, c’est un sentiment d’abandon qui prévaut. L’entreprise adjudicataire CGGC, en charge de l’exécution du chantier, a procédé au repli d’une grande partie de ses engins, ce qui a suscité stupeur, interrogation et inquiétude au sein des riverains. À travers la voix du chef quartier Luc Vlavonou et des sages, les populations dénoncent à la fois l’inachèvement visible des travaux de la première phase, la mise à l’écart des forces vives locales dans la mise en œuvre des interventions, et le silence entourant le lancement de la seconde phase du projet. Entre craintes d’inondations, déviations mal exécutées, destructions non suivies de dédommagements suffisants et éclairage public non installé, le malaise est profond._
Le repli perceptible de l’entreprise CGGC, à travers le démontage de ses installations et le remballage de ses équipements, est à l’origine du tollé dans le quartier de Gbénonkpo vèdoko. Dans un quartier où les travaux d’assainissement ont profondément modifié les infrastructures, toute suspension brutale pourrait avoir des conséquences désastreuses. « Nous sommes dans une zone marécageuse. Si les canalisations restent inachevées et que les rues sont laissées dans l’état actuel, les premières grosses pluies provoqueront et provoquent déjà des inondations dans nos maisons », déplore un habitant, appuyé par les sages du quartier. Ces derniers s’inquiètent également du fait que plusieurs dédommagements n’aient pas été correctement exécutés, alors que des casses ont été opérées dans des habitations privées et sur des voies commerciales importantes. Fidèles à l’esprit de responsabilité qui les anime, les populations de Gbénonkpo vèdoko, bien qu’irritées, ont préféré s’inscrire dans une démarche de recherche de la vérité avant d’opter pour des actions d’envergure. Sur initiative du chef quartier, Luc Vlavonou, une délégation de trois représentants locaux – Djibril Assani, Constant Feliho et Raymond Edjekpoto – a été mandatée pour rencontrer les responsables de l’entreprise CGGC, dans le but de recueillir des explications claires et officielles. Au cours de cet échange franc, la direction technique de CGGC a indiqué que les travaux actuellement visibles sur le terrain relèvent de la première phase du projet, qui couvre 14 rues dans le quartier Gbénonkpo vèdoko. Selon l’entreprise, cette phase n’est pas abandonnée mais presque achevée, l’unique étape restante étant l’installation de l’éclairage public, qui viendra compléter l’aménagement physique des voies. Les représentants de CGGC ont en revanche précisé que la seconde phase du chantier, qui concerne 17 nouvelles rues, n’a pas encore reçu d’instructions officielles pour son démarrage. Une réponse qui, loin de rassurer les populations, a renforcé leurs craintes de voir le projet se figer dans une longue attente administrative.
« Nous comprenons que l’entreprise attend un feu vert pour démarrer la suite, mais nos réalités sur le terrain ne nous permettent pas d’attendre indéfiniment. Ce quartier est aujourd’hui un chantier à ciel ouvert, et si les choses restent en l’état, c’est tout notre cadre de vie qui sera compromis », font savoir les populations.
C’est pourquoi face à cette situation de flottement, les populations, à travers leurs représentants légitimes, lancent un appel pressant au gouvernement béninois pour enclencher sans délai la seconde phase du programme dans le quartier Gbénonkpo. Elles rappellent l’engagement constant du président Patrice Talon contre les éléphants blancs et saluent les grandes avancées infrastructurelles déjà constatées dans d’autres localités. Cependant, elles demandent que les efforts soient poursuivis et renforcés dans leur quartier, afin que les bénéfices de cette politique d’amélioration du cadre de vie soient équitablement répartis.
Elles exhortent aussi l’entreprise CGGC à faire preuve de diligence en finalisant dans les règles de l’art la première phase des travaux : mise en place de l’éclairage public, aménagement des accotements, sécurisation des zones de déviation, etc. Ces gestes seraient perçus comme des signaux de bonne foi et de respect envers les engagements pris vis-à-vis des habitants. Gbénonkpo vèdoko reste donc en alerte. Le quartier entend maintenir une veille citoyenne constante jusqu’à l’achèvement intégral de la première phase et l’ouverture effective de la deuxième. Une mobilisation qui se veut pacifique mais résolue, dans un esprit de partenariat et de dialogue avec les autorités et les entreprises impliquées.
Au-delà de ce cas précis, la situation de Gbénonkpo vèdoko illustre les défis persistants dans la gestion des projets urbains en zone sensible : nécessité de transparence, inclusion des populations, respect des délais, gestion des impacts sociaux. Autant d’exigences légitimes que les citoyens posent aujourd’hui au cœur de la gouvernance publique.
*Stéphane AHINOUHOSSOU*
